Pourquoi la finale de Copa Libertadores se jouera à Madrid
L'attaque du bus de Boca Juniors par les barras bravas de River Plate avait empêché la finale retour (2-2 à l'aller). Les autorités ont décidé de la jouer au Santiago Bernabeu, par peur de représailles.
- Publié le 30-11-2018 à 19h00
- Mis à jour le 30-11-2018 à 19h01
L'attaque du bus de Boca Juniors par les barras bravas de River Plate avait empêché la finale retour (2-2 à l'aller). Les autorités ont décidé de la jouer au Santiago Bernabeu, par peur de représailles.
Les images sont choquantes et n'ont, dans la plupart des cas, pas échappé aux amoureux du ballon rond. Alors que le car du Boca, rival ancestral de River Plate, se rendait dans l'antre ennemi, ce dernier se faisait attaquer de toute part dans les rues de la capitale argentine. Les objets en tout genre volaient en direction du véhicule, qui finissait par arriver tant bien que mal au stade Monumental. Mais pas à n'importe quel prix.
Le capitaine du club, Pablo Perez, et Gonzalo Lamardo finissaient avec un pansement sur le visage pendant que d'autres, encore sous le choc, ne pouvaient contenir leur émotion suite à ces actes ultra-violents. La finale alors repoussée était finalement annulée, au plus grand regret de la CONMEBOL qui a tout de même rapidement réagi. Suite aux décisions gouvernementales, la rencontre explosive se jouera donc à Madrid, le 9 décembre prochain (20h30) afin d'éviter d'autres scènes chaotiques, en guise de vendetta. Regard sur un choix particulier qui semble plus que raisonnable.
Une perquisition qui aura tout chamboulé
Comme partout dans cette région du monde, le problème lié à la violence dans les stades et le trafic de drogue perturbent le quotidien des habitants. La police a donc mené des perquisitions aux domiciles de plusieurs membres des Borrachos del Tablón, le groupe barra brava le plus connu à River Plate. Cette « mafia » de supporters locaux sévit particulièrement dans les stades et s'est répandue dans tous les pays d'Amérique Latine. Souvent comparés à des hooligans, les groupes barras bravas sont bien plus nuisibles et constituent la plaie du football argentin, souvent catégorisé comme étant le plus dangereux au monde.
Ce jour-là, le butin récolté par la Policia Metropolitana est sans équivoque : une somme d'argent en espèces avoisinant les 160 000 € et 300 tickets réservés à des interdits de stade pour accéder à la finale. La saisie est lourde mais la réponse de la barra brava de River Plate l'est tout autant. "L'attaque du bus est liée aux perquisitions de la veille. Des personnes qui ne pouvaient pas entrer au stade ont semé le désordre dans les alentours", expliquait le chef du gouvernement de la province de Buenos Aires, Horacio Rodríguez Larreta. Mais l'attaque du car des fauteurs de troubles n'est pas uniquement pointée du doigt. Les autorités policières qui encadraient la rencontre sont également égratignées par le laxisme dont ils ont fait preuve. Une relation étroite entre le chef du groupe des Los Millonarios (NdlR : surnom des joueurs de River Plate, qui fait référence aux moyens financiers dont disposent les fans du club), Horacio Rodríguez Larreta alias "Caverna", et la police n'est pas à exclure. Une enquête est actuellement en cours pour déterminer les causes de cette attaque.
Un fonctionnement spécifique
Chaque groupe barra brava possède un chef – que l'on peut associer à un capo dans le mouvement ultra -, celui qui gère le business de son "gang". Ce dernier est le supporter le plus influent du club, qu'il défend par-dessus tout. Il a la responsabilité d'entretenir les affaires de son entité pour générer de l'argent mais également pour rendre sa tribune la plus bruyante. Allant de la vente de maillots aux alentours de l'enceinte à l'animation en tribune, tel est le quotidien de ce type de chef. Ce dernier peut également être lié aux décisions internes de son matricule et perçoit de l’argent de celui-ci. Tout dépend de la politique du club...
La CONMBEBOL a opté pour la paix
Œil pour œil dent pour dent. Tel est le dicton que devaient se répéter les rivaux du Boca Juniors avant qu'une décision officielle ne tombe pour l'organisation du match retour. Le blason en a pris un coup et la vengeance aurait certainement vu le jour rapidement, si la partie se déroulait à Buenos Aires. La Doce, groupe du Boca, ne pourra donc pas se montrer lors du match retour car les autorités compétentes ont décidé de déplacer la rencontre hors du continent. Une option réfléchie et intéressante qui calmera les tensions entre deux équipes qui se détestent assez comme ça. La "finale du siècle", qui s'est transformée en cauchemar samedi dernier, retrouvera plus de sens dans un stade mythique, qui fait rêver tous les footballeurs du globe. Mais actuellement, le club agressé refuse de jouer la partie et réclame une victoire sur tapis vert... Il y aura encore beaucoup de bouleversements dans cette affaire. Comme quoi, le football ne fait pas les choses à moitié.